• Le Canada et l'O.N.U. (5)

    Après la Seconde Guerre mondiale....

    Après la seconde Guerre Mondiale, le Canada eut une transition très rapide entre son isolationnisme d'avant guerre et son désir de jouer un rôle dans les missions des organisations multilatérales. En dépit de l'enthousiasme des diplomates canadiens, ils ne réussirent que très rarement à faire entendre leur voix auprès des grandes puissances et durent fréquemment adopter des positions plus modérées qu'ils l'auraient aimé pour garder le soutien des Etats-Unis. Il apparut rapidement que le Canada se contenta de changer de partenaires et abandonna la Grande Bretagne, puissance en déclin, pour se tourner vers son plus proche voisin, les Etats-Unis.

    Les diplomates canadiens n'étaient pas tant concernés par le sort des populations des pays en conflit mais plus par ce qu'allaient penser Washington et Londres de leurs actions. Ainsi, quand le Canada tenta de se surpasser et d'accomplir des exploits jamais égalés par une puissance moyenne, ce pays y voyait souvent son propre intérêt.

    Lester Pearson, St Laurent et E.L.M. Burns firent leur possible pour améliorer le fonctionnement des Nations Unies et en dépit de leur déception face aux conclusions de la Conférence de San Francisco, ils gardèrent foi dans cette organisation internationale et continuèrent à s'y investir. Ainsi, il ne faut pas tomber dans le piège de juger l'impact que le Canada a eu dans les missions de l'ONU en le comparant à celui des Grandes Puissances. C'est une puissance de taille moyenne qui joue donc un rôle en lien avec son statut. Et si l'on compare le rôle du Canada à celui des autres puissances moyennes, il joua un rôle important. On peut donc dire que le Canada en s'investissant dans l'ONU réussit un exploit inégalés auparavant puisqu'il n'avait jamais pris part à de telles missions. Il s'agit également d'une entreprise extrême pour cette puissance car le contexte et ses relations étaient tels qu'il fallait savoir négocier habilement pour obtenir des résultats même minimes. En effet, chaque mission est extrême car chaque conflit est unique et nécessite donc une solution propre qui ne peut être prévue à l'avance dans les moindres détails. Les situations ne peuvent être imaginées parfaitement et chaque mission constitue donc un exploit nouveau et jamais égalé. Et s'investir ne serait-ce que modérément dans une mission de maintien de la paix est en soi un exploit.

    Avec la mise en place de l'ONU en 1945, le Canada commença à jouer le rôle de gardien de la paix dans le jeu de la politique internationale. Il se rendit bien vite compte que ce jeu est cynique. Dans les premiers temps de l'ONU les diplomates canadiens s'engageaient dans des missions extrêmes de l'ONU dans un esprit d'idéalisme. Mais, à de nombreuses reprises, la Guerre Froide, la rivalité entre les Grandes Puissances empêcha le Canada de s'investir efficacement dans ces missions. Et, la situation après la mise en place des deux missions de l'ONU en Corée et dans le Canal de Suez fut loin d'être parfaite. Ainsi, la Corée reste aujourd'hui encore divisée et la situation au Moyen Orient est toujours tendue.

    Par conséquent, les Canadiens sont plus cyniques aujourd'hui et ne vont plus dire comme dans les années 50 : « N'est-ce pas merveilleux, le Canada prend part à une autre action pour le maintien de la paix ? » Ils n'ont plus cet esprit. Désormais ils disent : « Est-ce que cela va vraiment marcher ? » (CBC TV, 20 novembre, 1973) En d'autres termes avant de s'investir dans le maintien de la paix, il regardent leur propre intérêt et se demandent si la mission est possible.


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